Découvrir Moureuille
On y savoure le calme de la campagne, au centre d’un triangle délimité par les villes de Clermont-Ferrand (60km), Montluçon (35km) et Vichy (50km).
Le bourg, clair et aéré, se décline autour de son église dont l’origine remonterait au 12ème siècle, et de sa mairie jouxtant la salle polyvalente communale. A proximité immédiate, l’Auberge des Combrailles régale les papilles, tandis qu’une aire de jeux et un terrain de pétanque divertissent petits et grands.
De nombreuses randonnées permettent de découvrir les alentours de Moureuille, avec des vues magnifiques sur la vallée de la Sioule et la chaine des Puys.
Visites, randonnées, loisirs, activités sportives ou culturelles…. Tout un programme vous est proposé par l’Office du Tourisme des Combrailles.
Petite histoire de l’église de Moureuille
Le 7 septembre 2013 avait lieu une visite patrimoine de Moureuille organisée par le SMAD des Combrailles. Ce fut l’occasion de faire quelques recherches sur l’histoire de l’église.
La première mention de la paroisse de Moureuille date du XIIe siècle. En 1118, l’église Saint Julien est comprise dans les dépendances de l’abbaye d’Ébreuil.
Cela sous entend qu’il existait déjà à cette époque un premier sanctuaire de style roman.
Il reste de cet édifice quelques éléments. À l’extérieur, un contrefort plat et massif bras nord du transept, quelques modillons sous toit (corniches), le moyen appareil de pierres (taille des blocs mis en œuvre) de l’abside et quelques petites baies (fenêtres) à fort ébrasement trahissent des origines romanes.
Sans trace dans les documents d’archives, il semble que l’église ait été restaurée au XVe siècle. En effet, la voûte sur croisée d’ogives du chœur avec un culot sculpté d’un personnage à coiffure à rouleaux et la baie trilobée de l’abside semble dater de cette période.
En 1769, des travaux de restaurations sur l’église nous permettent d’en avoir une description assez précise.
Le clocher est encore situé au-dessus du transept et il vient d’être refait.
Les arcs boutants (contreforts) presque tous abattus ont également été reconstruits. Le choeur et une partie de la nef ont été pavés. Il est à noter que c’est le curé Guillaume Veysset qui a financé ces travaux sur ces propres deniers.
Deux chapelles sont mentionnées dans l’église : l’une est consacrée à la Vierge, l’autre à saint Loup. La balustrade autour des fonts baptismaux gêne la circulation dans la nef.
Il existe une petite sacristie du côté de midy (au sud).
La dernière visite pastorale de l’Ancien Régime (1784) apporte des informations essentiellement sur le cimetière. Celui-ci entoure l’église, si sa clôture est en règle, le représentant envoyé par l’évêque tique sur une porte que s’est aménagé un notable et qui lui permet d’accéder directement à la chapelle saint Loup (sud).
Au XIXe siècle, de gros travaux sont entrepris notamment sur les charpentes et couvertures et le clocher.
Lors d’un voyage de Napoléon III en Auvergne en 1862, la population de Moureuille sollicite l’empereur pour un «secours», une subvention. Le clocher de l’église a été abattu en 1793 et depuis c’est un simple campanile qui soutient deux petites cloches. L’arasement a causé de gros dégâts sur la voûte du choeur qui fuit et c’est tout le haut de l’édifice qui doit être repris.Nulle trace d’une réponse de sa Majesté. Une bonne fée en la personne de mademoiselle Marie Arnaud intervient l’année suivante. Marie Arnaud décède de cécité à 32 ans. Elle est fille de Blaise Arnaud et de Marie Prulhière. Elle lègue 5.000 francs pour la construction d’un clocher à Moureuille. Malgré un recours des héritiers de mademoiselle Arnaud, la fabrique (association publique gérant la paroisse avant la séparation de l’église et de l’état) est autorisée à recevoir cette somme. C’est un budget un peu juste pour la construction d’un clocher, aussi la paroisse s’organise. Monsieur Chaslus, membre de la fabrique dresse lui-même les plans et devis, ce qui irrite quelque peu l’architecte départemental en charge des bâtiments civil : M. Mallay, mais finalement le conseil général offre son aide et ses subventions. En 1886, tous les travaux de restaurations semblent terminés puisque la commune sollicite un secours cette fois-ci pour du mobilier et de la décoration. L’église fait actuellement l’objet d’une campagne de restaurations.
Curiosités intérieures
L’église et la paroisse sont placées sous le vocable de saint Julien. Pourtant le saint patron est relégué dans la sacristie. Et c’est saint Loup qui possède son autel dans l’église, que l’on sortait en procession. Moureuille était compris dans les dépendances de l’abbaye d’Ébreuil et il faut rapprocher la présence de saint Loup de cette illustre abbaye.
La chapelle saint Loup à droite du choeur semble avoir servi de chapelle seigneuriale ou de notable. En effet au XVII siècle, les autorités ecclésiastiques se plaignent déjà d’un passage, d’une porte aménagée dans la clôture du cimetière et qui sert de raccourci aux propriétaires de la chapelle saint Loup. Il est à noter que cette chapelle possède un accès direct à l’extérieur et un lavabo particulier. La statue de saint Loup parait ancienne. Le saint est représenté avec sa mitre et sa crosse d’évêque.
Les vitraux sont l’oeuvre d’un peintre verrier clermontois: Antoine Champrobert. Celui de saint Pierre a été offert par Pierre Laroque. Il était d’usage que les notables donnent un vitrail à leur église. Très souvent, comme ici, le donateur commande une représentation de son Saint Patron. Dans la chapelle opposée, le vitrail de la Vierge à l’Enfant du même verrier est bien mystérieux. Il est plus récent que celui de saint Pierre puisque lors de l’inventaire de 1906 (dans le cadre de la séparation de l’Église et de l’État), c’est un vitrail de notre Dame du Rosaire qui est décrit. De plus, si le visage de la Vierge est assez classique, celui de l’Enfant est plus étrange. Il a le teint très mat, ses cheveux sont frisés. De plus, il y a un décalage très visible à la jonction de la tête et du tronc de l’enfant Jésus. Un vitrail également signé Champrobert dans l’église de Queuille permet la comparaison des visages de l’Enfant. Il est possible à Moureuille que Jésus ait pris les traits du fils d’un donateur (pratique courante au XIXe siècle).
Malgré des origines modestes, l’église de Moureuille possède une histoire riche et intimement liée à celles des habitants de la commune. L’édifice comme le mobilier mériteraient une étude plus poussée pour éclaircir certains points encore mystérieux. Quoi qu’il en soit le public des visites patrimoine du SMADC a bien senti l’intérêt de l’église saint Julien puisque
la visite de Moureuille a battu tous les records d’affluence.
Renée Couppat, guide de pays.
Crédits photos : Claude Palluau et Renée Couppat.